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Lettres kurdes

Kajal Ahmad

Kajal Ahmad
Kajal Ahmad

Kajal Ahmad est poétesse et journaliste kurde.
Née en 1967, à Kirkouk, en Irak, ses premiers poèmes, édités en 1988, frappent, à l’époque, par leur caractère incisif et sensuel tout autant qu’ils témoignent, dans l’ensemble de l’espace d’expression kurde, d’une démarche audacieuse,
emplie tout à la fois de véhémence et d’émotion.
Elle a depuis publié sept recueils de poésie auxquels il convient d’ajouter sa présence dans plusieurs anthologies de la poésie irakienne, notamment Benderi Bermoda (1999).
Ses poèmes ont été traduits en arabe, en persan, en turc, en norvégien. Sous le titre  » Une Poignée de Sel « , un choix d’entre eux a été publié en 2016, en langue anglaise, par Word Works.
Puisant son inspiration dans les traditions ancestrales, l’œuvre de Kajal Ahmad est essentiellement nourrie et habitée des thèmes de l’exil, de la solitude, des drames intérieurs, de l’avenir et de l’âme du pays kurde.

Menant parallèlement une carrière de journaliste, elle a été rédactrice en chef, pendant plus de dix ans, de Kurdistani New journal quotidien de l’Union Patriotique du Kurdistan et a animé nombre d’émissions de la chaîne Kurdsat.
Elle n’a eu de cesse tout au long de cette période d’œuvrer en faveur de la condition de la femme, de la culture kurde et d’un Kurdistan libre.

Vivant et travaillant à Souleymania,
au Kurdistan d’Irak, Kajal Ahmad milite aujourd’hui pour le développement et l’enrichissement de la littérature kurde.

  Ce que le dit a dit

La montagne est orgueil. Elle n’ouvre jamais son cœur et dit haut qu’elle n’est pas amoureuse. Elle cache ses larmes, plisse le front, se refuse à sourire et, lorsqu’elle entre en éruption, de son noyau en flammes jaillissent les torrents d’une lave tumultueuse.

Ainsi a dit le volcan

La tempête dit : Je hais le visage de ce monde. Alors je le frappe, je le défigure.Je le hais aussi, ai-je répondu, mais je vais, par l’amour, le remodeler.

Ainsi a dit la brise.

Après la nuit vient la nuit, le jour n’est plus que nuit. Juste y brûle la lanterne d’un soleil étriqué.

Ainsi a dit le poète, non le rimailleur.

Ne m’affublez pas de la belle image du vendeur d’herbe. Même le moi, maintenant j’en suis sûre, est femme issue d’un asservissement.

Ainsi a dit, dans un soupir, le mur fissuré aux cheveux blancs d’une maison vieille de mille ans.

Le vendeur d’herbe n’était autre que le portrait de la Beauté qui, volée, cachée à l’étranger, revint plus tard femme brisée.

Le chemin était barré. Je fis passer clandestinement les mots. Ils ont tiré, ils ont frappé mon cheval. Mes fleurs sont tombées de leur panier.
Qui va là ? Ont-ils braille. Je n’ai pas répondu. L’arme, à quoi bon, n’entend pas le stylo.

Ainsi a dit Shéhérazade.

Entre l’impuissance et l’inéluctable, entre ces deux extrêmes de notre monde, il est un pont. L’amant fou le franchit, l’amant falot reste sur la rive.

Ainsi a dit le dit.

Traduction: Bayan Salman et Philippe Delarbre

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